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CHINCHNOIS
11 février 2014

8 août 1995 – journal d’un jeune paumé

mer

« Threesome ». C’est le titre du film que nous venons de voir. Les pubs défilent à l’écran, mes amis s'activent autour de moi mais je n’arrive pas à faire la transition. Ce film « banal » suscite en moi des sentiments forts. Il s'agit de l'histoire de 3 étudiants (deux garçons et une fille) vivant dans le même logement à l'université. Relation triangulaire : la fille est amoureuse de l'homo, qui lui n'a d'yeux que pour the other guy, qui lui est attiré par elle. Une relation « amoureuse » s’établit entre les trois protagonistes, qui finissent par partager la même couche. La passion qui les enflamme cède la place à la destruction, puis au néant. Le trouble que j'éprouve est lié à la réflexion du gay qui « ne comprend pas comment il est possible que des personnes ayant occupé une place si importante dans sa vie puissent disparaître du jour au lendemain ». Cette petite phrase somme toute assez banale me tiraille car elle fait résonner en moi cette nostalgie que j’éprouve (et que j’ai toutes les peines du monde à gérer) en repensant aux moments heureux vécus avec des personnes qui m’ont été chères et qui ont « quitté ma vie » du jour au lendemain. Et puis, il y a d'autres raisons à ce trouble. D'autres raisons qui me poussent à créer ce journal, que je veux intime : intimement lié à ce que je ressens et surtout, à ce que je suis. Je souhaite y livrer tout ce que j’ai toujours enfoui au plus profond de moi, ce qui me tourmente, me choque, sans oublier les pensées les plus belles comme les plus laides, ce qui me rend heureux ou malheureux. Cette première partie, c’est à toi, E., que je l’adresse. Toi qui m’es si chère, à tel point que je n’ai pas toujours été en mesure de discerner la nature des sentiments que je nourrissais à ton égard. Bientôt, tu liras ce journal. Ce que j'y raconte, je n'ai jamais osé le dire à personne. Je te demande de rester la même vis-à-vis de moi, de ne pas me rejeter, de continuer à poser sur moi le même regard car en dépit du voile que je lève sur certains secrets, je reste la personne que tu connais. Ce film met en scène Alex (le bel aventurier ;-)) et Eddy, ce personnage auquel je m’identifie. Eddy dévoile à Alex les sentiments ambigus qu'il éprouve vis-à-vis des garçons, ainsi que les relations malheureuses qu'il a eues avec la gent féminine. Il dit également n’avoir jamais eu de relation avec un garçon. E., ce garçon, c'est tout moi ! Et ces questions m'obsèdent 24h/24… Il faut que j’en parle, que ça sorte. J'espère qu’après cela, tu pourras encore me prendre dans tes bras et, peut-être, m'aider à y voir plus clair car je suis littéralement étouffé par ce « vice » qui, au fil des jours, des mois, des années, m'enfonce toujours plus dans l'incertitude, l'inquiétude, la culpabilité, la honte, la tristesse... l'envie d'être comme ces autres gars qui aiment les filles ! Peut-être cette situation est-elle moins dramatique qu’elle ne me semble être, mais en tout cas, je la vis comme un drame. Je ne l’assume pas, j'ai honte, honte, honte. J’ai beau faire semblant, essayer de faire peau neuve jour après jour, rien n’y fait, rien ne change. Attends deux secondes, je vais m’allumer une clope… Voilà, ça y est, je me lance, je le dis… je crois que… je suis… homosexuel (même l'écrire c'est difficile). Mais je ne sais pas, enfin, je ne sais plus...Je ne me sens pas hétéro à 0 %, mais je ne me sens pas non plus homo à 100 %. Ce que je sais depuis six ans, c’est que les filles ne me plaisent plus. Mais je ne suis pas certain non plus qu'elles me plaisaient auparavant. Les relations sexuelles que j'ai eues avec C. et L. ne m’ont pas spécialement donné envie de renouveler l'expérience. J'adore les filles, je les respecte, je pense les comprendre mais dès que je sais que l'une d'entre elle veut sortir avec moi, je me sens mal, je prends la fuite et l'évite à tout prix. Que faut-il en conclure ? Peut-être est-ce simplement que je ne suis jamais tombé vraiment amoureux d'une fille et que lorsque cela m'arrivera, les choses seront différentes. Je ne sais pas, j'ai peur de ne jamais désirer une fille. Pourquoi ne puis-je pas prendre une fille dans mes bras, l'embrasser avec amour et surtout, avec désir. Pourquoi ? Pourquoi ? J'ai peur de finir seul, sans personne… Il y a trois semaines, j’ai fait l’ébauche d’une réponse à la petite annonce d'un gars de 19 ans. Dans cette lettre, j’expliquais ce que je ressentais et lui demandais si c'était ça être homo. Mais une fois la lettre terminée, j'ai culpabilisé et l’ai déchirée. Cette situation est un calvaire, mais il faut que j'en sorte, je VEUX en sortir ! Pourquoi les garçons m’attirent-ils ? Est-ce la beauté de leur corps, est-ce l’interdit, l’inaccessibilité, l’autodestruction. Et cette attirance fait-elle de moi un gay ? La question reste entière. J’espère que tu pourras m’aider à y voir clair. Je t’embrasse, F.

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CHINCHNOIS
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CHINCHNOIS
  • Gay, fou de saxophone, de ski, de rando, de la montagne... Se décrire en quelques lignes, c'est tellement réducteur ! Les publications, aussi courtes ou insignifiantes soient-elles, en diront davantage sur moi ! Au plaisir !
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